mardi 19 juin 2012

Joël Legendre, quinoa et alpaga


Lorsque je demeurais à Montréal, nous avions un petit appart.

Nous devions plier la table après les repas pour optimiser l’espace (merci IKEA!).

Nous étions obligés de rentrer notre ventre pour traverser l’étroit couloir qui s’offrait à nous entre le comptoir de cuisine et le réfrigérateur.



La porte n’ouvrait pas au complet dans la salle de bain, elle heurtait la toilette. La sécheuse? On la retrouvait dans la chambre de mon fils. Et la laveuse, bien elle était à côté du poêle dans la cuisine.

Pratique? Pas tellement. Nous avions acheté un sac de quinoa afin de goûter à ces petits grains qui éclatent sous la dent. Un sac bio, 10 $. Un luxe pour notre petite famille qui commençait dans la vie.

Le sac résistait à ma grande force musculaire. Sans ciseaux près de mes mains, le sac en avait profité pour exploser. Le contenu s’était infiltré dans tous les petits trous vacants de ma laveuse…

Alors là, vous pouvez avoir trois réactions :

1- Ayoye! Quel dégât! Pauvre toi!
2- Euh… quéssé ça du quinoa?
3- J’en ai rien à foutre de ton histoire, moé chu déjà allé à Cancun.               

Si votre réponse est un : Merci, quelle compassion! Je suis profondément touchée!

Si votre réponse est deux : lisez ce qui suit.

Et finalement, si votre réponse est trois : Mais que faites-vous ici? Ah oui, vous devez être tombés sur ce blogue en écrivant pénis de taureau sur Google comme bon nombre de curieux dans votre genre…

Quinoa

Bizarrement, le quinoa, bien qu’on en parle depuis plusieurs années, n’est pas toujours très connu des consommateurs québécois. Pour les végétariens, ça va, on connait en général ses sources généreuses de protéine, de fer et de calcium. Il y en a aussi qui l’aiment bien, car il ne contient pas de gluten et que ça fait de bonnes petites salades.



Capsule informative : le quinoa est d’origine bolivienne et il pousse généralement dans des régions très élevées en altitude (jusqu’à 4200 mètres) où il fait très froid et où le vent est roi. Il existe plusieurs variétés et n’est pas à proprement dit une céréale, mais bien une graine. Une tite graine.



Le quinoa, avant de s’aventurer sur les tablettes des gens du Nord, n’était pas un produit de luxe. Il était consommé par les paysans boliviens et boudé par les gens de la ville. La culture difficile du quinoa a fait quitter bon nombre de cultivateurs des montagnes étant donné le faible potentiel monétaire existant de l’époque.

Mais un jour, le Pérou a littéralement tripé sur le quinoa. Il est devenu le client numéro un des Boliviens. Puis, les Européens et les Nord-Américains ont dit Wow, quelle belle découverte! On va pouvoir vendre ça cher pis rendre ça tendance. Tout le monde va s’entretuer pour un sac de quinoa à 10 piastres. On va faire des sacs super durs à ouvrir, les cons vont en renverser partout et en racheter continuellement!

Répercussions

Les cultivateurs sont donc retournés au champ afin de trimmer dur pour les gros mangeurs du Nord. Ils se sont mis à faire du quinoa une culture intensive. C’était une vraie révolution industrielle.

Ils ont fait entrer les tracteurs dans les champs afin de produire plus en moins de temps. Ils ont fait de leurs plaines des monocultures de quinoa. Certains Boliviens se sont même mis à s’engueuler pour les territoires, ces mêmes qui les avaient délaissés peu d’années auparavant.



Résultat? Les sols se sont mis à s’éroder sous le poids des tracteurs et la terre s’est fragilisée dû à la monoculture. Bref, comment gâcher une culture millénaire à la sauce production industrielle de masse. On est pas mal bons là-dedans les humains.

Solutions

Depuis quelques années, on a intégré la notion de commerce équitable dans la production de quinoa. Le spécialiste de la culture du quinoa en Bolivie, Thierry Winkel, estime que cette manière de cultiver la terre entraîne des répercussions moins lourdes pour l’environnement.

Les agriculteurs ne mettent plus tous leurs œufs dans le même panier en favorisant aussi d’autres cultures dans leurs champs. Ils commencent à développer économiquement les régions où pousse le quinoa.

Bref, tout est bien qui finit bien dans le monde du commerce équitable. Du moins, pour le moment!



Pour les curieux

Vous voulez goûter au quinoa? Voici une bonne recette de salade, celle du Commensal (je l’ai prise dans le livre de Joël Legendre et j’ai à peine changé quelques trucs)!




Salade quinoa du Commensal











1 t de petites tomates cerise coupées en quartier
1t de poivrons de couleurs variées (ou juste des rouges)
¼ t de persil frais haché (ou séché)
1 c. à soupe de coriandre hachée

Pour le quinoa

1 t de quinoa
1 ¼ t d’eau
2 carottes râpées
1 t de maïs en grains (le congelé, c’est parfait!)
Sel et poivre

Vinaigrette

2 c. à soupe de jus de citron
3 c. à soupe de vinaigre de cidre
¼ t. d’huile végétale (canola, tournesol, etc.)
1 c. à thé d’ail haché
1 c. à thé de gingembre haché
1 c. à thé de cumin moulu
Sel et poivre

Directives

Rincer le quinoa à l’eau froide dans un tamis. Amener à ébullition le quinoa, l’eau, le sel et le poivre. Cuire à feu doux pendant 15 minutes et éteindre le feu. Ajouter les carottes râpées et le maïs. Mélanger et laisser reposer à couvert pendant 20 minutes. Réserver au frigo.
Mélanger tous les ingrédients de la vinaigrette à l’aide d’un fouet. Réserver.
Dans un grand bol, mélanger le quinoa, les tomates, les poivrons, le persil, la coriandre et la vinaigrette. Manger!




Sources :