mardi 28 août 2012

Entrevue avec Monsieur Jambon, chef du PJQ


Passage obligé en campagne électorale, Monsieur Jambon accorde au blogue sa seule et unique entrevue. Le sujet : L'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne (AÉCG).



Monsieur Jambon, quel est le lien entre la campagne électorale en cours et cet accord ?

C'est l'impact qu'aura cet accord sur notre vie de tous les jours. Un impact beaucoup plus important que n'importe quelle politique proposée par les principaux partis dans cette campagne. À la fin, le nouveau gouvernement élu héritera de l'attitude de son prédécesseur, soit une confiance aveugle envers le gouvernement fédéral et le laisser-aller total. Il devra donc procéder rapidement à une analyse rigoureuse des domaines et des conséquences reliés à l'accord. Il devra en informer la population. Il devra écouter les récriminations de celle-ci. Si on veut avancer en démocratie, il faut consulter les citoyens et les laisser s'exprimer. Il faut que les gouvernants cessent de prendre la population pour des pantins à qui on donne rendez-vous tous les quatre ans.

Quels sont les domaines reliés à l'accord ?

Ce sont des domaines qui touchent des compétences provinciales, comme l'eau potable, l'agriculture et les marchés publics. C'est une intrusion fédérale aggressive dans les compétences des provinces, mais mettons de côté ce fait, je ne veux pas endormir personne avec le somnifère constitutionnel !

Et quels seront les impacts dans ces domaines ?

Les portes seront grandes ouvertes pour les multinationales européennes. Elles pourront mettre en pièces nos politiques d'achat local, favoriser la privatisation de notre eau et dicter l'avenir de notre agriculture.

 

N'est-ce pas un peu exagéré ? Pourquoi le gouvernement du Canada laisserait-il à l'Europe un tel bar ouvert chez nous ?

Il faut comprendre que les gouvernements, du Canada comme de l'Europe, sont un peu des valets de chambre dans toute cette aventure. Celles qui occupent les dites chambres, ce sont les grosses entreprises. D'un côté, on salive à l'idée de s'attaquer au buffet d'un marché de 500 millions d'habitants. De l'autre, on s'intéresse vivement aux marchés publics, à ce réservoir d'eau potable incommensurable et à toutes ces terres qu'on pourra exploiter à loisir.

Le hic, c'est que de l'autre côté de l'Atlantique, on a de sérieuses réserves : les valets veulent se protéger, alors que de notre côté, on est tellement excité par ce gros marché qu'on en perd la tête. Et le reste du corps suivra bien assez vite...

Monsieur Jambon, êtes-vous un pessimiste ?

Au contraire, je déborde d'optimisme en ce qui concerne nos potentiels. Mais je suis un réaliste. Je m'informe, le mieux que je peux dans ce cas précis, car les négociations se tiennent très loin du regard et de l'attention de la population, pourtant la première concernée. Alors il faut chercher. Lire beaucoup. S'intéresser à ce qu'on à dire les différents intervenants. Écouter les autres partis. Puis comparer, faire des liens. Penser, quoi ! Voir où on se situe dans tout ça.



Nous, au Parti Jambon du Québec, on a choisi le développement local, l'économie sociale, la coopération et le bien commun d'abord. De l'autre côté, c'est la déréglementation pour favoriser la concurrence tous azimuts et la marchandisation de tout et son contraire.

Notre position n'est pas un repli sur soi, c'est une mise sur soi. Nous ne sommes pas contre les échanges commerciaux. Nous pensons simplement que le diable est dans les détails et que ce type d'accords se doit d'être bien encadré et se soucier davantage de l'intérêt public.

En terminant, vous vous dites réaliste. Donnez-nous un exemple de ce qui pourrait arriver après la mise en application de l'AÉCG ?

Comme je le disais, toute politique d'achat local pourrait devenir caduque. En vertu de l'Accord, tout investisseur pourra porter plainte contre l'État possédant de telles règlementations. Viendra même un moment où l'État baissera les bras par craintes des poursuites. Au revoir les marchés de proximité, le développement régional et les emplois de qualité.

Mais nous avons encore notre mot à dire. Je le crois sincèrement. On ne se laissera pas faire ! Never quit, never surrender, telle sera notre devise.

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Quelques liens sur cet enjeu fondamental :