J’ai écouté la radio de Québec.
Pas celle où les filles parlent
avec un drôle d’accent en répétant des « à cause que » et où les gars
s’insurgent en prenant de longues pauses sur des sujets comme les
stationnements non adaptés pour les pick-up
ou la prolifération dangereuse des cyclistes dans la ville, non, l’autre.
Bon, ils font peut-être ça eux
autres aussi, je ne sais pas, je ne les écoute jamais.
Mais là, j’étais en voiture et
j’ai entendu un petit monsieur s’exprimer sur la santé et l’éducation :
Pierre Lavoie. Pour ceux qui ont des enfants ou pour ceux qui sont férus de
jogging, vous avez sans doute déjà entendu parler de lui.
Bon, il ne fait pas de jogging là-dessus, mais vous comprenez... |
Triathlonien, conférencier,
initiateur du Grand défi Pierre Lavoie, ce dernier travaille fort pour éduquer
les nouvelles générations en ce qui concerne l’importance des habitudes de vie
sur la santé.
Vous pouvez écouter son entrevue
à l’émission de Gilles Parent en cliquant sur ce lien. Sinon, voici un petit
résumé de ce que j’y ai retenu.
Pour lui, ce qui est primordial,
c’est l’éducation. Et malheureusement, l’éducation n’est une priorité pour
personne. La priorité, c’est la santé.
Bizarre que ce soit l'image qui nous vient en-tête quand on parle de santé... |
Mais il y a un non-sens à
investir de plus en plus en santé et de moins en moins en éducation.
En ce moment, 46 % de nos
impôts sont injectés dans le système de la santé. On investit 2,3 milliards de
dollars dans la construction de deux gros hôpitaux à Montréal. On donne 800
millions pour l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Tout le monde trouve cela normal
et pourtant…
80 % des hospitalisations
sont dues à nos mauvaises habitudes de vie : hypertension, diabète de type
II, cancers (un sur deux). 80 % des hospitalisations pourraient être
évitées si les gens étaient éduqués et s’ils changeaient leurs habitudes de
vie. 80 %!!! Vous vous rendez compte?
Un mode de vie sain, ce n’est pas
très compliqué : bouger 300 minutes par semaine, ne pas fumer et bien
s’alimenter. Et combien de Québécois adoptent ce mode de vie?
Seulement un maigre 12 %.
L’espérance de vie augmente d’un
an tous les cinq ans, ce qui n’est vraiment pas une bonne chose.
Pourquoi?
Actuellement, les hommes vivent
en moyenne 79 ans et les femmes 83 ans. On pourrait se réjouir de ces données,
mais il y en a une autre qui chamboule tout : l’espérance de qualité de
vie.
Celle-ci est beaucoup moins
élevée avec 64 ans en moyenne. Ce qui veut dire qu’entre 64 ans et 83 ans,
c’est le système de santé qui paie pour tous ces gens qui n’ont pas de saines
habitudes de vie, c’est-à-dire, vous.
Pierre Lavoie garde espoir. Il
est persuadé que les nouvelles générations qui poussent changeront la donne.
Selon lui, depuis plusieurs années, les enseignants font un travail remarquable
d’éducation et de conscientisation auprès des jeunes, même avec de minuscules
moyens.
Et les entreprises n’auront pas
le choix d’emboiter le pas, car étant donné qu’on prendra notre retraite de
plus en plus tard et qu’on travaillera ainsi plus longtemps, les assurances
collectives coûteront une fortune pour celles-ci qui n’auront plus les moyens
de les payer.
Je termine avec ceci. Pierre
Lavoie dit que dans chaque modèle de société, lorsque l’on veut changer des
habitudes, on doit arriver à un point de rupture. Ce point de rupture se situe
à 25 %. Lorsque 25 % d’une population change, le reste de la
population se met en branle.
Au Québec, 12 % de la
population a décidé de changer et d’investir dans sa santé. Il ne reste pas
beaucoup de chemin à faire, mais il en reste.
Tout passe par l’éducation. À l’école,
certes, mais aussi à la maison quand vous vous renseignez sur l’alimentation, quand
vous essayez de nouvelles recettes et quand vous sortez jouer dehors avec vos
enfants après le souper au lieu de vous écraser devant la télé.
Il faut prendre un virage, maintenant.
Si Pierre Lavoie passe dans votre
coin, ne le ratez pas. Vous ne serez pas toujours aussi chanceux que moi en
écoutant la radio de Québec.