jeudi 11 octobre 2012

Pensées pour boeuf contaminé


Bof fut un bœuf qui avait tout un avenir devant lui. Une fois abattu et dépecé, il allait voyager et se réincarner en pièces de viande. Il allait nourrir une telle famille avide de burgers. Il allait devenir aussi un gros steak de 25 piasses dans un chic resto tendance super chouette et calmer un tantinet l'appétit de monsieur ruminant sa nouvelle hausse d'impôts entre deux bouchées. 

Il allait...et c'est tout ce qu'il voulait, dans sa caboche de bovidé, ce bon vieux Bof. 

Mais ça ne s'est pas passé comme il l'avait prié. Son dieu Minotaure l'a abandonné en chemin. La bénédiction de son temple XL Foods était contaminée. Toutes ces pièces furent rappelées et promptement jetées. 

Bof avait foiré.

Et il n'était pas le seul.

Un clin d’œil avant la livraison en pièces détachées

 ***


On me dit, je lis et ils chantent : nos gouvernements dépensent trop et on paie trop d'impôts. 

Alors il faut couper. Où ? Partout. Comment ? N'importe, je m'en fiche. Ce qu'il faut, c'est annoncer qu'on coupe, faire pattes blanches, prendre notre outil de prédilection et frapper, cisailler, faire une tournée des tribunes et crier au besoin. Voilà. Des millions de moins par ci, d'autres millions de moins par là. 

Ça fait du bien. Ça défoule.

Tiens, moins d'inspecteurs en alimentation. Moins de visites dans les usines de transformation.

Mais, voilà un certain E. Coli qui se ramène - Étienne, Éric ou Émile, c'est un personnage plutôt discret.

Alors, panique ! 

Réaction - on vide la section bœuf de l'épicerie et le réfrigérateur et le congélateur à la maison.

Gaspillage. Bof à la poubelle. 

Bof !

Pourrions-nous prévenir ?



***

En plus de s'assurer d'une inspection rigoureuse de nos viandes, il faudrait peut-être les irradier, disent certains chercheurs.

Oui. L'irradiation. 

Oui, manger des substances radioactives, peut-on penser.

Qu'en est-il vraiment ?

Le procédé permet d'éliminer efficacement les agents pathogènes, comme l'E. coli, la listeria et la salmonelle. 

On connaît très bien les temps d'exposition qui n'affectent pas le goût ou la valeur nutritive, nous dit la professeure Monique Lacroix, de l'Institut nationale de la recherche scientifique (INRS). 

Quarante autres pays le font. Au Canada, ce sont les farines, les pommes de terre, les oignons et les épices qui sont autorisés à l'irradiation. 


Mais il y a aussi des critiques.

Ce qui nous vaudra une publication supplémentaire à ce sujet.

Source : Le Devoir, 10 octobre 2012, A7.