mercredi 2 mai 2012

Les banques s'alimentent de nos terres


Faut croire qu'une terre agricole, ce n'est pas seulement un lieu de production alimentaire. Dans le jargon de la finance, c'est aussi une « valeur refuge ».

Les banques et les sociétés d'assurance et d'investissement achètent des terres en prévision des pénuries alimentaires à venir. 

Procèdent-elles ainsi pour le bien-être et l'autosuffisance alimentaire des Québécois ?

Pas vraiment.

En 2008, il y a eu le rapport Pronovost, qui proposait un virage « vers une agriculture plurielle, multifonctionnelle, écologique et territoriale ». 

En toute connivence, le gouvernement du Québec et l'UPA ont préféré le statut quo. Résultat : « ils ont maintenu et même accru les avantages pour les intégrateurs (et maintenant les banquiers), qui ramassent l'essentiel des 2 milliards$ annuels de fonds publics dédiés à l'agriculture et profitent de monopoles, à tous les niveaux de la chaîne de mise en valeur, grâce à des structures désuètes d'assurances, de mise en marché collective et de zonage agricole défendues mordicus par l'UPA et certains groupes environnementaux qui n'y comprennent rien. »

Conséquences : « ce sont les intégrateurs, et maintenant les banques et les sociétés d'assurance, qui avalent les fermes une après l'autre pour y faire travailler, à des forfaits misérables, les ex-agriculteurs, ex-fromagers, ex-bouchers, dans des productions hyperspécialisées en fonction des marchés commerciaux les plus rentables dans le monde, mais qui n'ont plus rien à faire avec l'alimentation des Québécois. »


Tableau illustrant le cas de l'Afrique, par exemple. « La Banque mondiale a ainsi révélé en 2010 que sur 14 pays ayant vendu des terres à des étrangers, l'exploitation agricole n'avait effectivement démarré que dans 21% d'entre eux.


Une nouvelle forme de colonialisme ?

Selon Roméo Bouchard, fondateur de l'Union paysanne, notre taux d'autosuffisance alimentaire est ainsi  passé de 80% à 30% depuis 1985. Et la part des produits locaux dans nos supermarchés ne représentent à peine que 5%.

Son intervention, publiée dans Le Soleil du 10 avril dernier, se trouve ici, dans son intégralité.

Qu'en pensez-vous ?