Faut croire qu'une terre agricole, ce n'est pas seulement un lieu de production alimentaire. Dans le jargon de la finance, c'est aussi une « valeur refuge ».
Les banques et les sociétés d'assurance et d'investissement achètent des terres en prévision des pénuries alimentaires à venir.
Procèdent-elles ainsi pour le bien-être et l'autosuffisance alimentaire des Québécois ?
Pas vraiment.
En 2008, il y a eu le rapport Pronovost, qui proposait un virage « vers une agriculture plurielle, multifonctionnelle, écologique et territoriale ».
En toute connivence, le gouvernement du Québec et l'UPA ont préféré le statut quo. Résultat : « ils ont maintenu et même accru les avantages pour les intégrateurs (et
maintenant les banquiers), qui ramassent l'essentiel des 2 milliards$
annuels de fonds publics dédiés à l'agriculture et profitent de
monopoles, à tous les niveaux de la chaîne de mise en valeur, grâce à des structures désuètes d'assurances, de mise en marché
collective et de zonage agricole défendues mordicus par l'UPA et
certains groupes environnementaux qui n'y comprennent rien. »
Conséquences : « ce sont les intégrateurs, et maintenant les banques et les sociétés
d'assurance, qui avalent les fermes une après l'autre pour y faire
travailler, à des forfaits misérables, les ex-agriculteurs,
ex-fromagers, ex-bouchers, dans des productions hyperspécialisées en
fonction des marchés commerciaux les plus rentables dans le monde, mais
qui n'ont plus rien à faire avec l'alimentation des Québécois. »
Selon Roméo Bouchard, fondateur de l'Union paysanne, notre taux d'autosuffisance alimentaire est ainsi passé de 80% à 30% depuis 1985. Et la part des produits locaux dans nos supermarchés ne représentent à peine que 5%.
Son intervention, publiée dans Le Soleil du 10 avril dernier, se trouve ici, dans son intégralité.
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