mercredi 9 mai 2012

Un petit exemple de gaspillage de rien du tout


Qui suis-je ?

Je suis un élément du tableau périodique.

Je l'ai eu dans ma face pendant toute ma quatrième année du secondaire.

Je forme la structure même de l'ADN.

Je pilote la respiration, ainsi que la photosynthèse chez les plantes.

On me retrouve dans l'alimentation végétale et animale.

Vous avez besoin de moi à la quantité de 2 g par jour.

Réponse : P ou Phosphore.

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C'est au 19e siècle que les chimistes ont identifié le rôle crucial du phosphore dans nos vies, même si on l'utilisait depuis des millénaires. 

Ceci est un tas de fumier...


Et ce fut longtemps l'engrais par excellence pour l'agriculture.

Mais une fois isolée en laboratoire, nous avons pu le trouver autrement dans la nature. Ainsi furent exploitées les premières mines de phosphates.

Ce n'est pas pour rien que la population mondiale a quadruplé au 20e siècle : l'humanité maîtrisait l'engrais. 

Par exemple, en 1915, les rendements du blé étaient de 1 à 2 tonnes par hectare. Aujourd'hui, on parle de plus de...7 tonnes par hectare.

La ressource semblait inépuisable - comme tant d'autres. Alors, dans ce temps-là, on exploite, on abuse et on ne prend aucune précaution particulière - on connaît la chanson.

Mine de phosphates - je tiens à le préciser quand même.


Autre exemple : entre 1945 et 1970, en France, on a utilisé trois plus de phosphates que nécessaire - et pas mal moins de fumier.

Résultat : on annonce un pic de la production mondiale pour 2030. Et il n'y a aucun substitut possible au phosphore. À moins d'en revenir au bon vieux fumier. Ou de recycler - ce qui devient moins évident quand le marchand d'engrais veut faire des sous - un marché mondial de 500 milliards de dollars.

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Autre exemple pour illustrer la situation actuelle : pour 15 millions de tonnes de phosphore épandues chaque année, 3 millions de tonnes se retrouvent dans nos assiettes - bientôt rejetées par le corps humain, qui ne redonne presque rien aux terres arables.

De plus, l'évolution de la demande ne va pas en s'amenuisant : les Chinois et les Indiens consomment de plus en plus de viande - ce qui nécessite deux fois plus de phosphates qu'un régime végétarien.

Et c'est sans compter sur l'essor des biocarburants.

Usine de phosphates au Maroc.

(Source : Science et Vie, mai 2012) Un dossier à lire qui concerne aussi d'autres ressources.