Toute la journée, je
pense à ce que je vais me faire à bouffer le soir. Souvent même, la veille,
dans mon lit, je me fais un plan ou deux. C’est un cycle. Les plans demeurent
ou prennent le bord, d’autres m’assaillent, mon ventre trépigne, bref, je ne
pense qu’à m’en jeter sous la dalle, puis à arroser tout ça.
J’aime aller à l’épicerie.
En cas de guerre totale, ça serait LA planque à moi et aux copains. Ça ou la
SAQ la plus proche. Le choix dépendrait d’une volonté : celle de survivre quelques mois ou quelques nuits.
J’aime aller à
l’épicerie. Il y a de la nourriture, des spéciaux et des donzelles. Je repars
les sacs pleins des deux premiers, mais jamais avec les dernières.
J’insiste, j’aime aller
à l’épicerie. Ça fait longtemps. Enfant, j’aimais bien avoir les deux pieds sur
la garde au bout du panier. Je regardais tout autour et ce qu’il y avait dedans
– le panier, on s’entend, je n’ai jamais eu une très bonne vue.
Je vais tous les jours
à l’épicerie, ou presque. Quand je cherche un logement, il me faut une
épicerie et un dépanneur tout près, puis un grand évier dans la cuisine – pour
faire la vaisselle sans tout casser.
Ce soir, j’y suis allé
avec une petite idée de ce que j’allais me faire. Elle s’est dissipée quand
j’ai vu le bas prix des tomates, des oignons et des champignons. Les saucisses
italiennes fortes me faisaient des yeux doux – je ne suis pas tous les jours
végétarien, je suis un peu volage.
N’empêche. Les sauces
rosées toutes faites sont hors de prix !
Je ne me suis pas
révolté longtemps, j’ai fait demi-tour vers la crème et j’ai économisé quatre
dollars.
Voilà. Je pense au
prochain repas entre chacun d’eux, j’aime aller à l’épicerie, salir de la
vaisselle et la laver dans un grand évier.
Je suis Monsieur Jambon.
Voici Bref sur le site de Canal Plus. Une belle découverte.