mercredi 4 avril 2012

Les poissons, ces percussionnistes ...!


C'était dans les années 70. Deux biologistes sont invités par la marine américaine. Cette dernière, depuis l'arrivée des submersibles, s'est mise à l'écoute des océans. Mais il y a un problème. Il y a trop de bruits. Beaucoup trop d'interférences. Ce n'est pas bon pour des objectifs militaires, ça !

Et les deux biologistes de dénombrer alors les vocalises de plus de 200 espèces de poissons.

Bof... soupire la communauté scientifique d'alors. Des poissons qui parlent. Et quoi encore !

Même tout récemment (2004), deux Suèdois publient leurs travaux démontrant les communications des harengs par le biais de leurs flatulences. Ils se méritent un prix parodique, le Ig Nobel, donné aux recherches les plus improbables.

Ben oui, ils pètent, les poissons.

On se fait un tartare ?

Miam ! Oh oui !


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On le sait, les poissons n'ont ni cortex, ni cordes vocales. Des vivants, à première vue, très limités. 

Ce qui n'a pas empêché quelques scientifiques de persister. 

Et de déclarer que si les oiseaux et les baleines chantent, les poissons sont d'ingénieux percussionnistes.

Et impressionnants. Chaque espèce possèderait sa propre signature acoustique, basée sur sa grosseur, son sexe et la région d'où il vient - la demoiselle, par exemple, qui vit de Madagascar à la Polynésie, émet des sons différents, selon la position de son habitat dans l'océan Indien - un peu comme des dialectes différents.

Pas le genre de demoiselle que j'invite à la maison mais...vous croyez qu'elle se mange elle aussi ?


***

Il y aurait quatre moyens pour le poisson de communiquer. 

  1. Par les dents buccales, en claquant des dents, comme le poisson-clown et le piranha.
  2. Par les dents pharyngiennes, en les frottant les unes contre les autres.
  3. Par la vessie natatoire, cette poche d"air qui permet à l'anguille de « roter », entre autres.
  4. Par la nageoire pectorale - le poisson-chat fait grincer son articulation 
Némo - en vrai - dans une anémone, avant de claquer des dents et de se cacher.

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Ok, cool, les poissons « parlent ». Mais à quoi ça peut bien nous être utile ? (l'éternel refrain des humains.)

D'abord, la durée et la fréquence des cris des poissons proviendraient d'un système neurologique primitif, qui pourrait nous en apprendre sur les origines de la parole chez l'humain.

Ensuite, certains scientifiques ont l'espoir de repérer plus facilement les aires de reproduction des poissons - car ils parlent souvent d'amour, cet air connu - et ainsi limiter les pêches dans ces zones.

Bref, pourra-t-on un jour évaluer la biodiversité  et l'état de santé d'un écosystème grâce au décodage des sons ?

Fort possible.

Pas si cons que ça, finalement, les poissons...

Source : Science et Vie (Mars 2012)