J’ai lu cet article récemment et
depuis ce temps, tout ceci me trotte dans la tête. Aux États-Unis et dans
certains milieux défavorisés, on offre des déjeuners à l’école aux enfants qui
arrivent le ventre vide (on le fait aussi au Québec). Évidemment, ces mêmes
enfants n’avaient pas toujours un contenu adéquat dans leur boîte à lunch du
midi alors on s’est mis à leur fournir un dîner. Maintenant, on s’interroge.
Doit-on aussi leur fournir un souper? C’est ce que plusieurs écoles ont
commencé à faire…
Mais où cela s’arrêtera-t-il?
Est-ce vraiment à l’État que revient le rôle de nourrir nos enfants?
Je sais qu’un enfant qui a faim
ne peut pas apprendre, mais je sais aussi qu’il n’y a pas que des enfants qui
proviennent de milieux défavorisés qui ne mangent pas au déjeuner. J’ai
enseigné dans les deux types de milieux et j’ai vu plusieurs jeunes issus de
milieux aisés qui ne mangeaient pas le matin. Ah si, des fois, des chips au
ketchup et une liqueur! Génial! Puis au souper, ils écoutaient la télévision en
mangeant ou grignotaient dans leur chambre en jouant à l’ordi. Associer absence
de compétences parentales et pauvreté ne devrait pas toujours aller de soi.
Ce n’est pas parce que tu ne gagnes que 15 000 $ par année que tu ne peux
pas t’occuper de ton enfant et lui donner une rôtie et une pomme avant qu’il
quitte pour l’école.
Il faut arrêter de retirer le
sentiment de contrôle sur leur destinée qu’ont ces parents issus de milieux
défavorisés et leur redonner confiance. Il faut les aider. Il ne faut pas leur
donner du poisson, mais leur apprendre à pêcher. Et comme le dit le pédiatre connu
Jean-François Chicoine, « un yogourt gratuit, tout seul, dans une
collectivité bruyante, et sans services professionnels individualisés pour y voir,
ne prévient pas l’échec scolaire ». Ce n’est pas parce que ton ventre
cesse de gargouiller que ça va mieux pour toi. Tes problèmes sont les mêmes.
Qui sommes-nous?
Je partage beaucoup l’avis du Dr.
Chicoine à ce sujet. Selon lui, « L’attention qui peut être accordée à un
enfant lors du petit-déjeuner lui apporte des habiletés comportementales, une
saine autonomie, une confiance ravivée en lui et un suprême sens de l’autre. »
Comment peut-on retrouver tout cela à l’école?
Arrêter l’offre de petits
déjeuners n’est pas une solution, car il est vrai que certains enfants en ont
besoin, mais ce n’est pas la majorité des familles pauvres : « Des
familles à risque doivent être soutenues, professionnellement, pas par charité,
pas à la louche, mais par cuillérées. Qui sommes-nous pour juger massivement de
leur niveau d’engagement auprès de leurs enfants? » (Dr. Chicoine).
Des solutions
Le Dr. Chicoine propose quelques
solutions très intéressantes :
- offrir un coaching aux familles
pour faire une épicerie avec un bon rapport qualité-prix
- encourager les cuisines collectives
- permettre aux familles de
rencontrer des travailleurs sociaux qui peuvent les outiller
- créer un lobbying pour attirer
des épiceries dans les mauvais quartiers (Oui, car souvent, il n’y a que des
dépanneurs présents dans le quartier pour offrir de la nourriture aux familles
sans voiture, c’est dégueulasse!)
Journée de la femme
Sans entrer dans les détails de
ma vie personnelle, ma famille a dû traverser plusieurs épreuves au cours de
mon enfance. Lorsque ma mère s’est retrouvée seule avec nous, le revenu
familial a nettement diminué. Même si je
HAÏSSAIS déjeuner lorsque j’étais adolescente, ma mère s’est toujours assuré
que je quitte la maison le ventre plein. Pendant un moment, elle a surement dû
gratter les fonds de tiroirs pour nous offrir le meilleur, mais il y avait
toujours un grand choix au déjeuner : muffin, rôties, œufs, jus d’orange
sans sucre, etc. L’engagement parental ne va pas toujours avec le revenu annuel…
Merci maman!
P.S. Avis aux plus vieux, le Dr
Chicoine n’a rien à voir avec Chicoine dans Watatatow. :P
Sources :
Dr. Jean-François
Chicoine, Petit manifeste pour un retour à table, dans la revue Ricardo, volume
8, numéro 7.