samedi 3 mars 2012

Vivre avec la viande (comme animal de compagnie)


Bernard Vallat est un vétérinaire français de 63 ans, qui a longtemps inspecté des fermes en Afrique. Il est aussi directeur de l'Organisation mondiale de la santé animale depuis 2001.

Je souligne, au cours des prochaines lignes, quelques moments forts de l'entrevue donnée à Valerie Borde.

Pour tous les détails, c'est L'actualité du 15 mars qu'il vous faut.

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Sa priorité : « Mieux encadrer les pratiques d'élevage dans les pays pauvres et resserer les contrôles partout dans le monde, pour minimiser les risques sanitaires à l'échelle de la planète. »

« Des milliards de pauvres, qui souvent ne prenaient qu'un repas par jour, entrent dans la classe moyenne et augmentent radicalement leurs rations de viande, d'oeufs et de lait. »

« Dans le monde, on pourrait dire que la viande est un sous-produit du lait. »

À propos des visions simplistes : « Un exemple : dans le monde, il y a 250 millions d'animaux de trait, qui finissent par être mangés. S'ils sont remplacés par des tracteurs, on ne va pas y gagner du point de vue des GES. »

À propos de la croissance des pays en développement : « Sans un encadrement étroit par des vétérinaires suffisamment nombreux et compétents ainsi que des contrôles serrés, on risque de voir apparaître  des pathogènes incontrôlables. »

À propos de la formation : « Sur les 178 pays membres de l'Organisation mondiale de la santé animale, il y en a environ 140 où la formation des vétérinaires est nettement insuffisante. Les gouvernements vont devoir investir dans les universités pour assurer la formation d'une relève compétente, capable de veiller à ce que les élevages intensifs ne deviennent pas des pépinières de microbes. »

À propos des pays riches : « (...) on réduit souvent les budgets des inspections, par exemple en prenant des échantillons au hasard plutôt que systématiquement dans les conteneurs aux douanes. »

« Souvent en toute bonne foi, on donne aux animaux des antibiotiques contrefaits qui ne contiennent que la moitié de la dose annoncée. C'est le meilleur moyen de faire émerger des bactéries résistantes ! »

À propos de manger bio : " Malheureusement, aujourd'hui, il y a beaucoup de charlatans dans ce domaine, qui nuisent à la crédibilité de la filière et trichent allégrement en toute impunité, faute d'inspections. »

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Ce que l'on mange au resto nous arrive comme ça, devant nous, tout prêt.

Simple et facile.

Ce que l'on se prépare chez nous, quand on s'en donne la peine.

C'est aussi simple et facile.

C'est la route qui mène le contenu de notre assiette à la portée de la main qui est compliquée et parsemée d'embûches.

Il y a quelques temps, si on m'avait dit que manger était aussi politique, j'aurais probablement eu une indigestion.

Aujourd'hui, ça me donne faim.

Terriblement.