mardi 27 mars 2012

« Les vieux ne font pas la différence et ils aiment ça »


Quatre piasses par vieux.

C'est le budget alloué pour les trois repas quotidiens, dans plusieurs résidences au Québec.

Ma foi. Il ne reste plus qu'à les corder dans des petits cubicules et à laisser les micros ouverts - pour qu'ils nous racontent comment c'était dans le bon vieux temps, pour qu'on en tire au moins quelque chose - et il ne restera plus que des vieilles peaux et des vieux os.

Si on peut juger de la qualité d'une société à la façon dont elle traite ses jeunes et ses aînés, ces temps-ci, on est servi.

Faut pas se le cacher. On est périmé.

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Quatre piasses par jour.

Ça donne quoi ?

Des soupes fades faites à partir d'ingrédients défraîchis, ben de l'eau pis du sel en masse.

Des repas où la chapelure donne du volume à la pièce principale.

Des produits brûlés par le froid ou la congélation, passés au robot ou au hachoir pour cacher les défauts - pour contrer les vieux curieux, il suffit de noyer le tout dans une sauce brune.

Et « les vieux ne font pas la différence et ils aiment ça », dixit les directions d'établissements.

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Manger est un plaisir. Pouvez-vous me dire où il se cache, ce divin, dans les résidences ?

Faut dire que c'est un peu le même problème dans les cantines des hôpitaux.

Et quand il y a des compressions budgétaires, où est-ce que l'on coupe ? Dans la bouffe. 

Exit les saveurs et les aliments bons pour la santé.

Bienvenue les médicaments !

(Il n'y a sûrement aucune corrélation entre les deux.)

Le repas, il est équilibré lorsqu'il flotte dans l'assiette...

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« À quatre-vingt ans, (...) si une bonne marche à pied vous fait encore plaisir, et un bon repas (avec tout ce qui l'accompagne), si vous pouvez dormir sans commencer par prendre des pilules, si les oiseaux et les fleurs, la montagne et la mer continuent à vous inspirer, alors vous êtes le plus fortuné des hommes (...) » - Henry Miller


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Quatre piasses et pourtant. Seulement le double, nous dit-on, et saveurs et créativités pourraient être au rendez-vous.

Ce n'est quand même pas une folie, manger pour huit dollars par jour ?

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Inspiré d'un article du Devoir.