lundi 27 février 2012

Dans mon assiette, il y a quatre multinationales.


Voilà, c’est fait. J’ai écouté le film Food Inc. (Les alimenteurs), samedi dernier. Produit en 2008 et nommé aux Oscars en 2010, ce documentaire américain explore tous les racoins de votre assiette. En quelques secondes seulement, on se rend compte que les fermiers qui exploitaient leurs terres, comme le faisaient nos arrière-grands-parents, sont désormais menacés d’extinction. Étonnant de constater que quatre grandes multinationales décident maintenant de ce que tous les Américains mangent. Encore plus consternant de réaliser qu’on ne sait rien de tout ça et qu’on est plongés dans le noir le plus absolu, ce qui, somme toute, plaît énormément à l’industrie.




J’écoute le film et je m’inquiète. Je me sens impuissante et ça me révolte. Je me dis que c’est aux États-Unis, fiou, mais je me rappelle cinq lettres : ALÉNA. En vertu de règlements internationaux, nous sommes obligés d’importer plusieurs produits américains. À titre d’exemple, 30 % de notre consommation de bœuf provient des États-Unis, même si nous en produisons suffisamment pour nous nourrir. Ce documentaire nous touche aussi. Il faut s’informer et savoir ce que contient réellement notre assiette afin de demeurer en santé. Et aujourd’hui, à la radio, j’entendais une agricultrice canadienne qui parlait du fait qu’elle se faisait intimider par une multinationale… C’est arrivé tout près de chez vous…




Quelques faits 

- En 1970, il y avait cinq multinationales qui détenaient 20 % du marché du bœuf aux États-Unis. En 2010, quatre géantes de l’alimentation seulement (Tyson, Cargill, Swift, National Beef) occupent à elles seules 80 % du  marché. Le bœuf est devenu un produit industriel.

- En 1950, un poulet prenait 70 jours pour atteindre le poids requis à son abattage. En 2008, le temps d’attente pour diriger le poulet vers les abattoirs industriels mécanisés est de 48 jours seulement. Comme les consommateurs n’aiment pas beaucoup la viande brune, on a réussi à créer un type de poulet avec une plus grosse poitrine qui regorge de viande blanche.

- Les poulets de la multinationale Tyson sont élevés dans des poulaillers énormes complètement plongés dans le noir. Il y a des excréments partout et leur nourriture est bourrée d’antibiotiques. Lorsqu’ils ont atteint l’âge requis, des ouvriers immigrants illégaux les jettent dans un camion : malades ou non, ils se retrouvent dans nos assiettes.

- Les fermiers qui élèvent des poules deviennent dépendants des multinationales qui les obligent toujours à s’acheter de nouveaux équipements. Ils sont pris au piège. Ils gagnent environ 18 000 $ par année et en doivent souvent plus de 500 000 $.

- 30 % des terres cultivables aux États-Unis sont exploitées par la culture du maïs.

- 90 % des produits qu’on retrouve à l’épicerie contiennent du maïs. Ils prennent différents noms : sucrose, sirop de maïs, gomme de xantane, maltrodextrine, acide ascorbique, fructose, extrait de vanille, vinaigre blanc, margarine…

- On nourrit tous les animaux d’élevage avec le maïs, même le poisson.

- La vache ne digère pas bien le maïs, elle ne doit manger que de l’herbe. Sa diète exclusive en maïs favorise l’apparition de la bactérie E. Coli.

- En 1998, l’USDA (Département de l’agriculture) imposait des tests aux compagnies afin de vérifier la salubrité des abattoirs et ainsi, pouvoir les fermer au besoin. Les multinationales ont traîné le gouvernement en cours et elles ont gagné. L’USDA a perdu tout pouvoir. Si un morceau de viande rempli de salmonelle est retrouvé, les compagnies font ce qu’elles veulent et poursuivent leurs activités.

- La production du maïs est bon marché, car elle est largement subventionnée.

- La plupart des travailleurs des multinationales proviennent du Mexique et sont des sans-papiers. Certaines compagnies sont même allées les chercher au Mexique elles-mêmes en autobus. Ils travaillent dans des conditions épouvantables et si le département de l’immigration débarque, ils sont retournés dans leur pays sauvagement. La compagnie s’en lave les mains, elle retrouvera bien d’autres esclaves pour nous nourrir.

- En 1980, c’est devenu légal de breveter la vie grâce à la multinationale Monsanto. Les semences de maïs lui appartiennent et elle oblige les fermiers à ne pas réutiliser leurs semences en les intimidant et en les poursuivant. Monsanto détient maintenant le brevet de presque tous les aliments au pays. Plusieurs dirigeants de Monsanto sont devenus des politiciens d’influence au sein du gouvernement américain.



Je viens de découvrir qu'on peut regarder le film sur youtube en quatre parties... Plus de raisons pour garder les yeux fermés (même si mon petit doigt me dit que ce n'est pas vraiment normal de retrouver ce film gratuitement sur youtube). Ah oui, il se peut que vous partiez explorer votre garde-manger et votre frigo d'un air découragé à la fin du visionnement... Ne vous en faîtes pas, il suffit de transformer cette énergie négative en quelque chose de productif... Je vous laisse l'écouter et on s'en reparle jeudi!