lundi 12 décembre 2011

La ferme!


L’an dernier, La semaine verte diffusait à Radio-Canada  un reportage assez juste sur ce qui se passe dans les fermes du Québec. Voulant à tout prix éviter le sensationnalisme que l’on retrouve dans les documentaires-chocs sur l’élevage, l’équipe de la Semaine verte a plutôt visité trois fermes tout à fait normales et ordinaires, des fermes que l’on peut retrouver un peu partout au pays. Les fermiers ont hésité à ouvrir leurs portes, car ils savent que les pratiques permises par la loi ne sont pas toujours très éthiques. Et comme souvent les producteurs n’arrivent plus à joindre les deux bouts, ils ont peur d’en montrer un peu trop aux consommateurs :

« Tout n’a pas à être montré partout. Moi je suis prêt à expliquer des gestes qu’on pose en agriculture, comment on les pose, mais après ça, pour moi, ça s’arrête là. C’est pas vrai que le consommateur veut tout voir. » (Jean-Guy Vincent, producteurs de porcs, Saint-Séraphine)

Et vous, voulez-vous tout voir ou vous préférez fermer les yeux? Pourtant, la simple action d’ouvrir les yeux sur ce qui vous entoure vous permettrait de mieux manger…

Voici un petit résumé rapide du contenu de cette émission qui décrit très bien ce qui se passe généralement au Québec chez les producteurs de veaux, d'oeufs et de porcs. Évidemment, il y a sûrement des exceptions, mais il s’agit ici de ce qui est largement pratiqué et permis. Vous pouvez regarder l’émission aussi!

http://www.radio-canada.ca/emissions/la_semaine_verte/2010-2011/chronique.asp?idChronique=122006


Les veaux

On produit 285 000 veaux par année au Canada (2009). Cela représente 1 kg par personne.
Ils sont séparés de leur mère moins de dix jours après la naissance.
Ils ne téteront jamais le lait de maman, mais seront nourris au lait en poudre.
Ils sont enchaînés individuellement dans des espaces très réduits.
À 5 mois, c’est la fin, direction l’abattoir!


Les poules


On produit sept milliards d’œufs par année au Canada (2009).
Les poules sont entassées dans des cages plus petites qu’une feuille mobile en groupe de 5, 6 ou 7 individus.
Après un an, les poules sont moins productives, direction l’abattoir et magie! Elles se transforment en bouillon de poulet!





Les porcs

On produit 23 millions de porcs par année au Canada (2009). Cela représente 24 kg par personne.
La truie reste dans une cage qui ne lui permet pratiquement aucun mouvement toute sa vie.
Après environ cinq portées, elle est abattue.
Les porcelets doivent subir plusieurs opérations à froid dès la naissance : on leur coupe les dents, car avec des dents pointues, ils risquent de blesser leur maman, on leur coupe la queue, car ils ont tendance à se mordiller et à se blesser gravement et on les castre, car les mâles développent une hormone à la puberté qui donne un mauvais goût à la viande.
Je rappelle que tout ceci se fait sans anesthésie, même la castration messieurs.


Alternatives

Bien sûr, il y a plusieurs producteurs qui sont mal à l’aise devant ces pratiques. Ils désirent changer, mais ils veulent aussi de l’aide. Comme ce producteur dans le reportage, Sylvain Lefebvre, qui élève des poules à la fois en cage et en liberté et cette éleveuse de porcs, Lise Sarrazin, qui fait vivre ses truies en groupe sur un sol confortable dans des lieux aérés et bien éclairés. Mais l’argent est un frein. Ces types d’élevage coûtent beaucoup plus cher aux producteurs.

Les lois

Bonne nouvelle, en 2015, selon le reportage, les veaux seront élevés en groupe et en liberté. Du côté des poules, l’élevage en cage sera interdit dans l’Union européenne en 2012, en Californie à partir de 2015 et progressivement à partir de 2018 au Manitoba. Chez les porcs, en Europe et dans certains états américains, ils ont déjà adopté des lois pour la contention et ils prévoient l’interdire en 2013. Au Canada, rien du tout, aucune loi. Seulement des initiatives individuelles comme la compagnie Maple Leaf qui élèvera ses truies dans des parcs à partir de 2017. En retard le Québec, vous dites?

Selon Sylvain Charlebois, chercheur en alimentation : « Le consommateur a l’industrie agroalimentaire qu’il mérite. »

Et si on valait un peu plus que ce que l’on pense?




Sources:
Les images ont été prises ici: