vendredi 2 décembre 2011

Bravo, Amqui !


Municipalité du Bas-Saint-Laurent, Amqui devient la première au Québec à interdire par règlement la vente de boissons énergisantes dans ses espaces récréatifs. Bravo !

L’Association des embouteilleurs de boissons gazeuses du Québec (AEBGQ) n’est pas contente, oh que non ! Son « conseiller spécial » prétend que la ville a pris sa décision sur des « prémisses erronées » et qu’il n’y a aucune étude qui fait un lien entre l’obésité et un aliment en particulier.

Aucune étude ? Elle est bien bonne. Si plusieurs nations du monde commencent à taxer vos produits, monsieur – voir mon article publié en octobre – ce n’est certainement pas parce qu’ils vous ont pigé au hasard, puis consternées, ont soufflé : « Dommage, c’est leur tour ! » Si, en plus, elles veulent consacrées ces nouvelles sommes recueillies à la lutte contre l’obésité, c’est qu’elles doivent se baser sur quelques faits. La Coalition Poids, ce n’est pas un club d’haltérophiles !

Aussi, l’AEBGQ se dit outrée « que des pouvoirs et des fonds publiques (sic) soient utilisés afin de ternir injustement l’image (snif) de certains produits et marques et ce en absence de tout fondement ».

Méchante Amqui ! Tu mérites trois coups de bâton ! Gaspiller des fonds publics pour nuire aux bonnes intentions des entreprises privées qui veulent seulement notre bien – dans ce cas-ci, vous dormirez quand vous serez morts !

Le privé et son monopole de la vertu. Un sacré bon gag ! Quand les affaires vont bien, il se pavane. Quand il est dans le trouble, il cogne à la porte de l’État et il quête l’argent public. Très bien placé pour donner des leçons…

D’ailleurs, l’Association s’est inscrite au Registre des lobbyistes. « Bonjour Monsieur le Député, vous me semblez fatigué après cette dure journée…J’ai justement quelque chose pour vous… ».
 
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C’est une demande du Comité d’action Matapédia en forme qui s’est transformée en règlement. Le Maire d’Amqui, lui, n’est pas ébranlé du tout par les attaques de l’AEBGQ : « Je trouve ça cavalier la façon dont on nous aborde ; c’est une grosse organisation qui veut faire taire (ceux qui ont des opinions divergentes), ils osent prétendre qu’il y a juste leur discours qui est le bon, mais on a vu neiger. » Du même souffle, il invite d’autres maires et mairesses à faire pareil.
 
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Les réactions n’ont pas tardé le lendemain de la publication de la nouvelle. La Coalition Poids – qui regroupe 150 partenaires autour de la problématique de l’obésité, je le rappelle – est prête à soutenir une mobilisation pour appuyer Amqui. Puis, réunis aux Journées annuelles de la santé, des représentants des milieux de la santé, de l’éducation et du monde municipal étaient tout aussi prêts à soutenir la ville, par des lettres d’encouragement ou par d’autres façons.

Devant cette levée de boucliers, l’AEBGQ s’est calmée un peu. Dans une lettre au maire, elle reconnaît « qu’il est de la responsabilité des villes de décider de ce qui peut et doit être vendu dans leurs propres établissements ».

Bien sûr.

Et on y reviendra.

(Sources : Claudette Samson, Le Soleil, mercredi 30 novembre et jeudi 1er décembre 2011)