J’imagine
que c’est celui avec une poignée, assez spacieux pour y accueillir les galettes
et le petit pot de beurre de Mère Grand. Ou celui-là, plus minuscule encore,
dans lequel on peut transporter gaiement ses pilules et son horaire télé.
Quand je
vais à l’épicerie, j’ai souvent les yeux dans le panier des autres. Par
curiosité, simplement, pas pour me donner des idées. Des potes me disent que je
devrais plutôt observer si c’est une belle fille qui tient le panier et trouver
derechef une façon de l’aborder :
-
Alors,
c’est ce que l’on mange ce soir ? Je peux m’occuper de la préparation, si tu
veux. Et de la bouteille de vin…qu’est-ce que tu bois ?
Y’a pas
à dire, moi et la séduction, c’est un combo du tonnerre.
***
Il y a
eu une belle hausse du prix des aliments en 2011, vous avez remarqué ?
Globalement, un gros 5% par rapport à l’année précédente. Les produits de
boulangerie (7,2%) et les légumes frais (10,5%) se sont particulièrement
distingués. Pas étonnant que la quête du dit panier le moins cher devienne une
obsession…et une marque de commerce que se lance par la tête les supermarchés.
Soyez
tranquilles, la hausse prévue sera modeste pour 2012 – un maigre 2%. Paraît
qu’il faudrait remercier la reprise économique qui n’en finit plus de tarder
aux États-Unis et la crise en Europe. Je vais essayer de penser à eux dans mes
vœux de la nouvelle année…
***
On voit
trop de ces pubs à la télé et on veut trop et trop vite notre part de ces
rêves…qui passent tous par le même détour : l’endettement. Alors quand vient le temps de payer les comptes, c’est avec ce qu’il reste que l’on s’alimente.
« Une
semaine déjà que Thomas avait emménagé dans sa piaule de banlieue, la plus
cossue du quartier, sur un pied d’égalité avec des dizaines d’autres.
Aujourd’hui, il avait reçu, directement de la compagnie, la bagnole de ses
rêves, celle-là même qu’il conduisait de sa main dans le carré de sable de son
enfance. Ce soir, il allait dormir dans Son garage, sur la banquette arrière de
Sa voiture. Mais quelque chose clochait : il avait faim, furieusement
faim. » (Extrait du roman « Je finirai bien par gagner à la
loterie » de Don Boylau, cet illustre inconnu.)
Ah oui !
Le panier le moins cher…Où le trouve-ton ? Chez le symbole même du capitalisme
décadent : Walmart.
Vrai. On
a vraiment ce que l’on mérite.
Et pas
sûr que nos bides en raffolent.
(Source :
Marie Allard, La Presse, mercredi 7 décembre 2011)