mercredi 14 décembre 2011

Le panier le moins cher



J’imagine que c’est celui avec une poignée, assez spacieux pour y accueillir les galettes et le petit pot de beurre de Mère Grand. Ou celui-là, plus minuscule encore, dans lequel on peut transporter gaiement ses pilules et son horaire télé.

Quand je vais à l’épicerie, j’ai souvent les yeux dans le panier des autres. Par curiosité, simplement, pas pour me donner des idées. Des potes me disent que je devrais plutôt observer si c’est une belle fille qui tient le panier et trouver derechef une façon de l’aborder :

-          Alors, c’est ce que l’on mange ce soir ? Je peux m’occuper de la préparation, si tu veux. Et de la bouteille de vin…qu’est-ce que tu bois ?

Y’a pas à dire, moi et la séduction, c’est un combo du tonnerre.


***


Il y a eu une belle hausse du prix des aliments en 2011, vous avez remarqué ? Globalement, un gros 5% par rapport à l’année précédente. Les produits de boulangerie (7,2%) et les légumes frais (10,5%) se sont particulièrement distingués. Pas étonnant que la quête du dit panier le moins cher devienne une obsession…et une marque de commerce que se lance par la tête les supermarchés.

Soyez tranquilles, la hausse prévue sera modeste pour 2012 – un maigre 2%. Paraît qu’il faudrait remercier la reprise économique qui n’en finit plus de tarder aux États-Unis et la crise en Europe. Je vais essayer de penser à eux dans mes vœux de la nouvelle année…


***


On voit trop de ces pubs à la télé et on veut trop et trop vite notre part de ces rêves…qui passent tous par le même détour : l’endettement. Alors quand vient le temps de payer les comptes, c’est avec ce qu’il reste que l’on s’alimente.

« Une semaine déjà que Thomas avait emménagé dans sa piaule de banlieue, la plus cossue du quartier, sur un pied d’égalité avec des dizaines d’autres. Aujourd’hui, il avait reçu, directement de la compagnie, la bagnole de ses rêves, celle-là même qu’il conduisait de sa main dans le carré de sable de son enfance. Ce soir, il allait dormir dans Son garage, sur la banquette arrière de Sa voiture. Mais quelque chose clochait : il avait faim, furieusement faim. » (Extrait du roman « Je finirai bien par gagner à la loterie » de Don Boylau, cet illustre inconnu.)

Ah oui ! Le panier le moins cher…Où le trouve-ton ? Chez le symbole même du capitalisme décadent : Walmart.

Vrai. On a vraiment ce que l’on mérite.

Et pas sûr que nos bides en raffolent.




(Source : Marie Allard, La Presse, mercredi 7 décembre 2011)