Au départ, l’idée était toute simple : inviter ces gens que j’aime tant, ces rencontres fulgurantes – mes ami(es) – et faire un souper, où j’allais être en charge de tout ou presque – n’apportez que votre boisson !
Ou, disons-le : c’est ma fête et venez bouffer avec moi, mes amours !
Même le jour de mon anniversaire, je n’allais pas rester les bras croisés à attendre qu’il se passe quelque chose – ou la main offerte pour une autre bouteille – il fallait provoquer une situation.
C’était une première et plus la date fatidique approchait, plus je me demandais si j’allais être à la hauteur – quand même, j’avais déjà fait à souper pour quatre personnes, mais pour douze, jamais.
Puisque j’invitais ma sœur et mon beau-frère, il fallait que ça soit végétarien – ce qui n’était pas une contrainte – je faisais confiance à mon pâté chinois.
Trois nuits avant le 10 – insomnie totale. Je me tracassais. Si gros pouvait-il être, mon pâté chinois végétarien allait-il combler la faim de mes invités ? Y en aurait-il assez ? Allait-il en rester symboliquement pour tout ces autres amis à qui je pense souvent qui vivent hors la ville de Québec ?
Je n’allais pas dormir avant d’avoir trouvé la solution. Il me fallait préparer autre chose – au cas où.
Quelques mois auparavant, j’avais reçu de la visite française à la maison. Nous avions cuisiné une crème pour les pâtes absolument délicieuse. Je n’avais jamais cuisiné avec de la crème avant. J’avais pratiqué les semaines suivantes et j’avais adapté la recette selon mes goûts.
Je pouvais dormir. Premier service : Pâté chinois végétarien. Second service : Des pâtes avec de la crème aux légumes et soya haché.
***
Les invités commençaient à arriver et la préparation allait bon train. Je respectais mon plan de match à la lettre – plutôt de nature indisciplinée, des fois, je m’étonne moi-même.
Tout le monde était là. Le pâté chinois est au four. J’en suis déjà à concocter le second service. Parle, parle, jase et écoute pas mal. Une amie récente : « Tu es végétarien ? » Non, pas tout à fait.
Y’a du fromage sur le pâté. Je mets le four à « broil ». Écoute, rigole et m’affaire à la crème.
La ligne est mince entre le « à souhait » et le raté. Je ne m’en suis pas vanté sur le coup, mais le pâté chinois a frôlé la catastrophe. Une minute ou deux de plus et il était cramé.
Finalement, il a nourrit toute la compagnie. Les pâtes furent une collation pour tous en fin de soirée – tout à fait bien arrosée.
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Un commentaire fameux : « Ton pâté chinois végétarien est meilleur que le mien ». Venant de celle qui allait devenir quelques mois plus tard le Docteure Tofu, une telle sentence, on ne peut se la payer.
Le lendemain, il restait une bouteille de vin et assez de bouteilles vides pour que l’on puisse s’offrir une caisse de 12 à un prix ridicule. Il n’était pas 15 h 30 et j’étais chaud raide, le sourire fendu jusqu’aux oreilles en repensant à la veille.
Une fête mémorable. Un souvenir impérissable. Comme je vous aime.
Parmi le top 3 de mes anniversaires. Juste derrière la baise de cette année-là et celle de cette autre année – je ne souligne pas les années en question, je ne veux pas faire de jalouses.
Bein quoi ?
De l’importance de nourrir nos bides.