lundi 30 janvier 2012

Bière 100 % québécoise?


Ah, la bière! Hier, c’était Bières et Jambon. Aujourd’hui, c’est un peu de tofu mijoté à la bière. Parce que Dre Tofu aussi aime la bière… Et comme Monsieur Jambon, elle n’a pas choisi la Coors Light pour en faire SA bière. Elle aime plutôt rassasier sa petite soif de bières qui savent comment se faire aimer. Et ça tombe bien, elle habite tout près d’un dépanneur qui offre 763 sortes de bières, le plus grand choix au Canada!

 Alors dans la p’tite bière de microbrasserie québécoise, je donne, je donne! Mais pas trop quand même, car le petit mou de bedon arrive assez vite dans ces circonstances… J’encourage ainsi les petites brasseries québécoises qui nous offrent des produits typiquement québécois « made in Québec » et j’en suis fière. Mais est-ce vraiment un produit québécois à 100 %?

Posez cette question à tous les Québécois et la plupart vous répondront que les bières de microbrasseries proviennent d’ingrédients du Québec. Ben voyons donc toé! Quelle question! Malheureusement, ce n’est pas le cas, la bière 100 % québécoise n’est pas encore tout à fait prête…


Les ingrédients


Pour faire de la bière, des ingrédients simples comme tout : de l’eau, du malt (fait de céréales, surtout de l’orge), du houblon et de la levure.



De l’eau, ce n’est pas un problème quand on habite au Québec, nous voilà rassurés.


L’orge, c’est avec lui qu’on fait le malt. 87 % du malt des microbrasseries québécoises est fait d‘orge importée.









Le houblon, c’est lui qui donne le goût amer à la bière. Presque 100 % du houblon des microbrasseries québécoises est importé.











La levure, c’est elle qui produit l’alcool et les petites bulles qu’on aime tant. Les souches de levure utilisées par les microbrasseries viennent d’ailleurs : Allemagne, États-Unis, etc.








Changements à l’horizon


Bon, c’est un peu déprimant tout ça. Nous qui croyions boire une petite bière régionale qui ne pollue pas la planète entière par ses transports de matières premières et nous qui voulions encourager l’agriculture québécoise… Ben, c’est ordinaire. Mais, heureusement pour nous, les microbrasseries ne restent pas les bras croisés. Tout cela risque de changer dans les années à venir…

Quelques producteurs de céréales québécois ont commencé à faire pousser de l’orge de brasserie. Ça pousse bien, l’offre augmente et de plus en plus de microbrasseries l’incorporent dans leurs recettes.

Une malterie à Thedford Mines fait du malt 100 % québécois. L’offre augmente et les microbrasseries sont très intéressées.

Le houblon, qui était presque disparu de notre agriculture il y a plusieurs années, recommence à pousser à quelques endroits au Québec. Des producteurs désirent former des coopératives pour pouvoir le granuler à moindre coût afin de rivaliser sur les marchés. Les microbrasseries en veulent!

Et la levure, ben là, c’est un projet de fou malade! Imaginez-vous donc que Bruno Blais (le populaire barbu de la microbrasserie La Barberie) a réussi, en collaboration avec d’autres fous de la bière, à capturer une levure à bière dans les Voûtes du palais, à Québec, où était brassée originalement la bière de l’intendant Jean Talon. Ah la la, c’est tellement beau que je crois que je vais verser une larme…


Bière 100% québécoise


Autre projet fou : on veut créer un style de bière québécois. Un goût original, une saveur nouvelle qui serait brassée par plusieurs microbrasseries d’ici : l’Annedd’ale. Un joli mot provenant de l’iroquois qui signifie « sapin baumier ». Plusieurs brasseurs du Québec travaillent sur ce projet. Rivaliserons-nous un jour avec les stout, ale et lager de ce monde? Oh la la, je viens de verser une autre larme… D’ici là, des versions expérimentales se dégustent un peu partout : Naufrageur, Microbrasserie du Lac St-Jean… Si vous voulez être au courant de ce qui se trame avec la Annedd’ale, consultez leur page facebook!

Notre bière québécoise, nous l’aurons un jour! À défaut d’avoir un pays…