dimanche 29 janvier 2012

Bières et Jambon (1)


Au commencement, je n’aimais pas la bière.

Mon truc, c’était le fort. Ma première expérience remonte au printemps de mes quinze ans. Après une pratique de hockey, je m’étais rendu chez des copains. On avait loué « Super Punch-Out », un jeu vidéo. L’un des potes avait fouillé dans le bar à boissons de ses parents – quelle belle idée – et nous avait concocté un mélange de néophytes, un cognac-jus d’orange. J’avais apprécié. J’étais reparti de là « feelin’ » - comme on disait – pour la toute première fois.

Vint à mon retour de recevoir un pote entre deux parties de hockey la fin de semaine. On jouait à NHL’95 et je ne voulais pas être mauvais hôte. C’est là que je me suis attaqué au bar à boissons de mes parents, qui ne buvaient pas – alors ils n’allaient rien remarquer, je me disais – en effet, quelques années plus tard, j’ai vraiment rigolé quand ma mère avait voulu servir un verre de rhum and coke à ma tante pendant le temps des Fêtes – j’avais vidé la bouteille de son contenu initial pour le substituer par de l’eau.

Le rhum and coke – et le gin bu cul-sec – furent les références durant cette année de rites initiatiques à l’alcool – jusqu’à ce que je passe au travers du dit bar à boissons parental et que je trouve les autres trucs – comme le fichu crème de menthe – pas buvables.

Les ressources gratuites épuisées et celles financières du mec encore à la polyvalente bien modestes – et n’ayant pas la majorité requise pour aller puiser à la SAQ – une seule option offerte par les petits dépanneurs isolés de ma petite ville natale bien régionale – s’acheter avec le p’tit peu qui me reste de mon argent de poche – plutôt que de louer les nouveaux jeux vidéos – changement d’intérêts – de la bière – et commencer à l’aimer.

***

Le premier six-pack que je me suis acheté – je me souviens, on faisait un feu au cœur d’un endroit magnifique, le long de la Rivière du Sud – on s’y rendait en quatre-roues – c’était de la défunte Molson Grand Nord. Sans m’en douter, tranquillement, mon gosier – cet éternel assoiffé, comme si le géant Pantagruel lui donnait sa dose de sel après chaque gorgée – allait s’adapter à ce breuvage.

Je le disais, mon budget pour boire était limité – l’été, je travaillais un peu, je pouvais me permettre des folies – mais pendant l’année scolaire, c’était l’effet pour le moins de frics possible qui était recherché.

Ce fut l’époque des 1,18 litres pour cinq piasses – la Bull Max, qu’elle s’appelait – ce qui faisait le travail.

Arriva le cégep et les prêts étudiants, et les bars et les pubs, et les bières commerciales – tu bois ce qui te passe devant les yeux, sans jugement, et en avant la musique – c’est le quoi le deal à soir ?

***

Puis, j’ai mis l’école de côté et je me suis trouvé une job dans une shop – puis dans une autre.
J’arrivais à mon Pub préféré et je n’avais même à demander : deux grosses Molson Ex se retrouvaient devant moi, pour six piasses. Et la soirée ne faisait que commencer.

J’insiste. La bière, c’était le liquide qui soûle en toute indifférence. Quelques expériences de temps à autre – flirter du côté d’Unibroue, par exemple. Essentiellement, comme un peu comme tout le monde début vingtaine, tu bois ta bibine pour boire, pour te péter la face, point.

Mais, vient un temps où, ou tu te fais avaler par la publicité et le marketing et que tu choisis TA sorte pour le restant de tes jours – c’est ce que je constate chez la plupart des gens - ou il se passe une série d’évènements et d’expériences qui te secouent et qui développent tes goûts.

Dans ce dernier cas, c’est la curiosité – jamais rassasiée – qui t’accompagne de découvertes en rencontres…mémorables.

Et c’est ce qui s’est passé – dans mon cas – quand j’ai commencé à fréquenter…Québec.

À suivre…la semaine prochaine.