mercredi 18 janvier 2012

Parlons-en, des coopératives !


Peut-être faites-vous des achats alimentaires dans des petites coopératives – autant dans la distribution que dans la vente aux détails. Ou peut-être en connaissez-vous une dans votre quartier ou votre village et que cela vous intrigue.

Les coopératives et leurs succès, c’est rarement à la une des journaux – elles ne publient pas de bulletins trimestriels, elles ne sont pas cotées en Bourse. Elles passent sous le radar et pourtant, le modèle des coopératives est un fleuron de l’économie québécoise.

Au Québec, les coopératives et mutuelles génèrent un chiffre d’affaires de plus de 25,6 milliards – c’est énorme.

Les coopératives, un modèle alternatif au capitalisme traditionnel ? Éminent chroniqueur, blogueur régulier et ancien conseiller de premiers ministres, Jean-François Lisée y croit. Il avance même que les coopératives, fers de lance de l’économie sociale, représente l’avenir.

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M. Lisée propose cinq étapes pour accroître l’essor et la visibilité de l’économie sociale :

1-S’unir : Les acteurs de l’économie solidaire doivent reconnaître leur force et se rassembler. « On voit une prise de conscience avec le chantier de l’économie sociale, mais pour le moment, je ne sais pas où aller si je veux connaître les entreprises de ce secteur. »

2-Enseigner : Actuellement, il n’existe aucun endroit pour former les acteurs de ce type d’économie. Pour M. Lisée, il est essentiel de mettre sur pied une école de formation d’administrateur social.

3-Le droit de préemption : Cette étape nécessite une intervention de l’état. Lorsqu’une entreprise ferme, ou un terrain devient disponible, on devrait offrir en priorité aux acteurs de l’économie sociale la possibilité de reprendre le terrain ou remettre sur pied l’entreprise.

4-La méthode Toyota : Le gouvernement devrait ouvrir ses appels d’offres et encourager les entreprises d’économie sociale en favorisant la concurrence. Il s’agit de la méthode Toyota. En finançant une entreprise sociale qui fait concurrence aux fournisseurs habituels, on encourage la compétitivité et l’excellence et on diminue les possibilités de collusion entre deux concurrents qui s’entendent sur leur prix.

5-Avoir un porte-parole efficace : Personne n’est représentant de l’économie solidaire auprès des élus. Jean-François Lisée estime qu’un porte-parole doit devenir l’arrêt obligatoire des élus en campagne électorale.

Somme toute, des propositions vraiment intéressantes qui, en ce qui concerne le vaste domaine de la bouffe, pourraient révolutionner de la ferme à la bouche nos façons de nous alimenter.

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Malgré cela, il y a encore trop peu d’intérêt de la part des citoyens par rapport au mode coopératif et les consommateurs n’y accordent que très peu d’importance. Selon la présidente du Mouvement Desjardins, Monique F. Leroux, les membres propriétaires des coopératives et mutuelles « ne participent plus, ou que minimalement à la vie associative, fondement même du modèle d’affaires coopératif ».

Est-ce que les crises répétées du capitalisme traditionnel – et qui reviendront comme des refrains, si rien ne change – agiront comme des prises de conscience chez les citoyens consommateurs ?

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L’économie sociale a un effet stabilisateur sur l’économie d’un pays. Elle permet à nos produits locaux de se distinguer et de s’offrir dans toutes leurs variétés – toutes leurs splendeurs.

Entre vous et moi, je dis ça comme ça, puisque ça me trotte dans la tête depuis quelques mois – à force de lire sur le sujet, y a des petites idées qui germent.

Manger, c’est politique.

Et ce n’est pas tant que ça une nouvelle source de tracas, seulement des choix et des conséquences.

Comme dans la vie de tous les jours, quoi !

Sources :

Isabelle Porter, Le Devoir, vendredi 13 janvier 2012