Ils n’ont pas tout à fait vingt ans. Ils sont invincibles – ou du moins, ils le croient.
Ils n’ont pas beaucoup de frics. Mais ils veulent faire la fête. Ils ne mangeront pas – ou à peine – durant la journée. Et ce soir, vous les verrez sur les pistes de danse, verre à la main, ou trinquant au bar.
Selon une étude de l’Université du Missouri, un étudiant sur six – des femmes, en majorité - se priverait de nourriture toute la journée pour mieux se péter la gueule le soir. On appelle ce phénomène – plus répandu dans les pays anglo-saxons et scandinaves – « alcorexie ». Le terme est peut-être un peu fort.
L’intention derrière cela serait de limiter les calories ingérées avant une brosse, pour ressentir les effets de l’alcool plus rapidement et sauver de l’argent.
Sylvia Kairouz, professeure à l’Université de Concordia : « L’idée de couper judicieusement des calories, en favorisant une alimentation équilibrée, lorsqu’on veut boire quelques consommations d’alcool le soir n’est pas mauvaise. On l’a tous déjà fait. Le problème est dans l’excès. »
Le hic, il est justement là. Quand l’alcool commence à nous monter à la tête, ce n’est pas là que l’on va se dire d’arrêter. Il n’y a plus de ligne frontière. On continue. Il faut bien connaître ses limites, soit. Mais que retient-on de nos apprentissages le ventre vide ?
Ah oui. Ces longues minutes passées à genoux devant le bol de la toilette. Ces journées interminables avec un mal de bloc qui ne veut pas s’en aller. Et ces bribes de la veille qui nous reviennent une à une…
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Dans ce comportement, il y a, croit-on, le facteur du bien paraître, qui prend le dessus. Hubert Sacy, directeur général d’Éduc’alcool : « Dans ce milieu, c’est socialement acceptable d’être saoul, mais ce n’est pas socialement acceptable d’être gros. Le culte du corps est omniprésent ».
Il ajoute : « S’il y a une chose qui est saine en matière de consommation d’alcool, c’est précisément de mélanger alcool et nourriture. C’est le modèle de consommation le plus sain et le plus agréable qui soit. »
Ils seront moins invincibles un jour. Ils comprendront. Et comme cet oldtimer de Jambon, ils sauront qu’il vaut mieux se faire un fond de qualité, avant d’arroser tout ça…
(Source : Sophie Allard, La Presse, jeudi 3 novembre 2011)
Et une bonne toune de Plume pour nous mettre d'entrain ! Tournée générale !