Vous savez, la recherche d’une carrière
où m’exploiter à outrance - en conservant toutes redevances - est une
constante chez moi. Qui sait – je me suis toujours dis - à force de
creuser, je tomberai peut-être sur un quoi-qui-brille et au sortir de ma
fosse le soleil réfléchira enfin sur moi.
Hier, ma pelle a fait toc. Elle a donné contre le New York Times. Il était temps.
Je serai éco-concierge. J’aurai ma petite entreprise. Je me dévouerai pour ces personnes trop occupées à accumuler de la richesse pour penser à ces petits gestes quotidiens qui peuvent rendre ce monde plus vert. J’irai auprès d’eux et ils me confieront leur conscience tranquille.
J’offrirai différents services. Leurs vieux morceaux de linges chics deviendront des sacs d’épicerie. Leurs restants de table, je les distribuerai aux indignés. J’irai dans leurs cuisines et les ferai manger bio. Je m’occuperai de leurs animaux, qui, sous mon emprise, deviendront végétariens. Et pour les divertir, je fabriquerai des jouets faits d’objets recyclés.
Ils pourront devenir mes compagnons – les chiens, les chats, comme les personnes – pour 175 $ par mois ou 3 500 $ par année. Je leur proposerai même un service à la carte, de 25 à 50 $ de l’heure.
Ils diront à leurs voisins : « Tu le fais ? Alors, moi aussi. » Et main
dans la main, au sein d'une magnifique ribambelle, nous tournerons
autour de cette planète, convaincus que nous sommes le changement.
***
Surréaliste ? Pas du tout. Ce type de services est en vogue aux États-Unis depuis un peu plus d’un an. Ces petites entreprises se multiplient. Suffit de s’inquiéter un tantinet du sort du monde et d’avoir les poches pleines. Toujours le vieux réflexe : allonger le fric, fuir les responsabilités.
« C’est leur staff qui change, pas eux ».